Rejouer aux Jeux de Rôles

Jeu de rôles

Un peu enivrés au milieu de la campagne Lot et Garonnaise par une belle nuit de Juin, nous discutions de Jeu de Rôle parmi les reliefs de la fête. Nous nous sommes dit que nous pouvions rejouer.

C'est en partie grâce au site Welcome To Nebalia dont j'ai suivi les bons conseils que je me suis procuré la première édition de L'Anneau Unique (Edge) afin de me replonger dans les univers du Jeu de Rôle. Si j'ai gardé ma vieille deuxième édition de L'Appel de Cthulhu, je voulais retoucher du doigt la magie du JdR avec quelque chose de neuf. Mes seules incursions dans l'univers de Tolkien se bornaient alors à JRTM (Jeu de Rôle des Terres du Milieu) et son système de règles tiré de Rolemaster, et à des discussions avec les amis qui avaient lu Le Seigneur des Anneaux. J'ai donc lu - avec étonnement et plaisir - quelques oeuvres de Tolkien (Le Seigneur des Anneaux, Les enfants de Hurin, Bilbo le Hobbit, Le Silmarillon) et je continue à le lire depuis. Il faudrait d'ailleurs faire la liste des ouvrages lus grâce au Jeu de Rôle, entre H.P. Lovecraft, J.R.R. Tolkien, Michaël Moorcock, Anne Rice, Georges Duby... nous ne serions pas à l'abri de quelques surprises.

Le livre de base de L'Anneau Unique est bien écrit mais il est fouilli et donne une impression de règles compliquées alors qu'à l'usage elles sont plutôt simples. Le jeu et les règles collent à l'oeuvre de Tolkien et il faut trouver sa marge de manœuvre entre l'imaginaire pré-défini et celui que nous allons mettre en place. Un monde pré-défini est un carcan dans lequel il faut arriver à inscrire sa propre histoire. C'est un peu comme quand vous inscrivez une histoire dans la deuxième Guerre Mondiale, il y a quelques personnages et événements difficilement déboulonables (Cf. Inglourious Basterds de Quentin Tarantino).

Je ne me souvenais plus du temps que cela prenait... s'immerger dans un livre de règle, les comprendre, voyager dans une monde imaginaire, trouver les idées, bâtir une histoire ; organiser quelques moments clefs, rassembler la documentation, trouver quelques morceaux de musique qui iront avec les ambiances, confectionner quelques aides de jeux. Les délices de la construction imaginaire ne m'ont jamais quitté. Souvent quand je regarde un film, quand je lis un livre, que j'écoute de la musique ou en visitant un lieu, je me demande comment je pourrais l'adapter, l'incorporer à une histoire ; et comme Dylan secoue La Bamba pour en faire une autre chanson, je secoue Changin' of the guard pour en sortir une idée. Ou peut-être est-ce Changin' of the guard qui secoue ma cervelle pour en sortir une idée. Quoi qu'il en soit ce processus ne m'a jamais quitté. Ce que j'avais oublié c'est le temps qu'il faut pour agencer tout cela.

Nous en discutions du côté de Poitiers avec un joueur chevronné (plusieurs centaines de jeux dans sa ludothèque) : c'est fou tout de même le nombre de pages de règles et d'explication du monde qu'un Maître du Jeu se doit d'ingurgiter. Mais c'est du bon temps, du temps à rêver. C'est ce que j'ai fait pendant plusieurs mois à lire Les Enfants de Húrin, Le HobbitLe Seigneur des Anneaux, Le Silmarillon, quelques livres de la gamme de l'Anneau Unique, et à bâtir sur ces bases une campagne de quelques scénarios autour d'une idée que j'avais eu pour la rédaction d'une nouvelle (nouvelle qui est en cours d'écriture, qui se transforme en roman et qui n'a pas grand chose à voir avec la Campagne jouée à L'Anneau Unique).

Après un échange d'une centaine de mails (choix du jeu, des personnages, dates pour se revoir) nous avons loué une grande maison en pleine campagne. Un endroit parfait pour jouer pendant 3 jours. Nous avons retrouvé la magie des nuits à parcourir nos imaginaires. Ce fût comme si la dernière partie de L'Appel de Cthulhu, de Warhammer ou de Maléfices s'était déroulée le mois dernier. Tout était là, les petites habitudes, les rires, la trouille, les frissons, les hauts et les bas, ces moments magiques d'une partie de Jeu de Rôle. Bref, j'ai remis le pied à l'étrier et je vous ferai part ici de quelques considérations sur ce loisir qui, me semble-t-il, est bien vivace.


Emeric Cloche.