Kropotkine, L'État, son rôle historique




L'État et son rôle historique était le sujet choisi par Pierre Kropotkine pour une conférence qui aurait dû être donnée à  Paris, le 7 mars 1896. La rencontre n'ayant pas eu lieu, il développa ce sujet sous forme de brochure qui se veut un complément de son ouvrage L'Entr'aide, un facteur de l'Évolution.


L'État n'est pas la seule forme d'organisation politique


Dans sa lutte contre l'État, Kropotkine entend rappeler que l'État n'est pas la seule forme d'organisation possible. Pour cela il puise dans l'Histoire et dans une forme d'organisation : La Commune et dans une période, le Moyen Âge.

Les Communes libres, l'âge d'or ?


L'ouvrage de Kropotkine cite quelques exemples de Communes à travers les âges tout en restant malheureusement trop vague pour qui ne connaît pas bien l'Histoire. Il décrit les Communes comme cela : "La misère noire, l'abaissement, l'incertitude du lendemain pour le plus grand nombre, l'isolement dans la pauvreté, qui caractérisent nos cités modernes, étaient absolument inconnus dans ces "oasis, libres, surgies au XIIè siècle au milieu de la forêt féodale. Dans ces cités, à l'abri des libertés conquises, sous l'impulsion de libre entente et de libre initiative, toute une civilisation nouvelle grandit et atteint un épanouissement tel qu'on en a vu de pareil dans l'histoire jusqu'à nos jours". 

Puis les "barbares" (chef militaire / juge romain / prêtre) s'accaparent les pouvoirs. Kropotkine note alors que cela a été possible parce que les Communes n'ont pas su dans leur combat contre le prince éliminer le servage du paysan ; l'âge d'or de la commune est nuancé. Le bourgeois finit par imiter le seigneur... et "Puisque les Communes elles-mêmes devenaient des petits États, ces petits États, forcément, devaient être engloutis par les grands..." ; le Roi (l'État) secondé par l'Église finira par apparaître comme un protecteur contre le seigneur. L'organisation pyramidale se met alors en place.

L'Histoire de ces cités libres et fédérations du XII ème siècle est peu connue et pour ma part je ne posséde que peu d'éléments à part ceux que donnent Kropotkine dans sa brochure. Ce combat (décrit dans le Chapitre 7 de la brochure) de l'État contre la Commune continue au XIV et au XVI sous couvert de Réforme et d'anabaptisme.

Communes et Fédérations versus État


Contre le renfermement sur soi qui pourrait pointer le bout de son nez dans la Commune, la Fédération ou la Ligue, Kropotkine cite Léo et Botta : «Une Commune, disaient-ils, ne présente l'image d'un tout moral, ne se montre universelle dans sa manière d'être, comme l'esprit humain lui-même, que lorsqu'elle a admis en elle le conflit, l'opposition.» Ainsi le conflit doit être librement débattu sans que l'État (machine lointaine et par trop puissante) ne vienne fausser le débat.



Dans La morale anarchiste c'était la perspective zoologique (et son évolution) qui ancrait la base de la morale anarchiste. Ici c'est l'Histoire avec les Communes libres. Le projet que Kropotkine dessine et tente de faire rentrer dans les sciences naturelles et sociales reste le même et sa cohérence est ici consolidée. Si la Commune sonne peut-être un peu trop comme un âge d'or dans le texte de Kropotkine elle est assurément une organisation à étudier de près et un moyen d'organisation face à l'État.