Le discours contre Amazon


Dans les discours contre Amazon je pense que les détracteurs de ce système pourraient faire un parallèle assez parlant et simple entre la façon dont fonctionne cette boîte (et ce qu'elle représente à l'heure actuelle) et le discours de Marx sur la division du travail (je dis Marx mais on peut remonter à Bernard Mandeville, Durkheim, Alexis de Tocqueville... Marx ne pense pas tout seul dans son coin). Ce serait plus intéressant que la plupart des choses que l'on peut lire ici et là contre le grand méchant Amazon (et que les fausses lois votées par le gouvernement actuel).


Quelques pistes sur la division du travail :

- La division du travail est aliénante et permet une surexploitation du travailleur.

- Dans l'entrepôt, elle concerne la réunion de travailleurs dans un lieu commun, avec concentration des moyens de productions où ils travaillent en commun à la réalisation du produit.

- Au niveau sociétal, elle concerne un ensemble d'activités productives qui appartiennent à des capitaux différents. Ici, on échange les marchandises et on se concurrence pour les placer.

Et deux citations :

« Tandis que l'ouvrier ramène de plus en plus son intelligence à l'étude d'un seul détail, le maître promène chaque jour ses regards sur un plus vaste ensemble, et son esprit s'étend en proportion que celui de l'autre se resserre. Bientôt il ne faudra plus au second que la force physique sans l'intelligence; le premier a besoin de la science, et presque du génie pour réussir. L'un ressemble de plus en plus à l'administrateur d'un vaste empire, et l'autre à une brute»
(Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique)

"Pour qu'un capitaliste puisse en battre un autre et s'empare de son capital, il faut qu'il vende moins cher que lui. Pour pouvoir vendre moins cher sans se ruiner il faut qu'il produise à meilleur marché, c'est-à-dire qu'il augmente au maximum la productivité du travail. Or la productivité du travail tient avant tout à une division du travail plus poussée, à la généralisation et au perfectionnement constant du machinisme. A mesure que grandit l'armée des travailleurs entre lesquels le travail est réparti, et que le machinisme prend des dimensions plus gigantesques, les frais de production diminuent proportionnellement, et le travail devient plus fructueux. On voit donc naître une émulation universelle entre les capitalistes ; c'est à qui poussera la division du travail et développera le machinisme pour les exploiter sur une plus grande échelle. [...]
A mesure que le travail se divise, il se simplifie. L'habileté particulière d'un travailleur perd sa valeur. [...] Son travail, n'importe qui pourrait le faire. Le voilà donc entouré de concurrents toujours plus nombreux. [...]
A mesure que le travail devient plus insatisfaisant [...], la concurrence augmente et le salaire diminue. Le travailleur cherche à sauvegarder la masse de son salaire en travaillant davantage : ou bien il fait plus d'heures, ou bien il fournit plus en une heure. La misère le pousse donc à aggraver encore les conséquences néfastes de la division du travail."
(Karl Marx, Travail salarié et capital)