Cartel (The Counselor, Ridley Scott, 2013)


Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes dit Bossuet. Le dernier film de Ridley Scott pourrait bien illustrer cette phrase. Le polar est à la fois moral et ambigu. Ici, la démonstration est magistrale.

Il y a les dialogues que l'on voudrait se repasser par la suite, ou au moins relire pour en profiter encore plus et réfléchir. Il y a le jeu des acteurs, le décor et la mise en scène impeccables. Différents mondes sont présentés (comme l'explique la scène où un membre des cartels cite le poète Machado) avec un recul bienvenu qui semble ne pas porter de jugement hâtif mais donner à voir. Et même quand l'objet filmé est tape à l'oeil ou vulgaire, il est filmé de façon sobre. Pas la peine d'essayer de rentrer en empathie avec les personnages, le propos de Ridley Scott qui adapte ici un scénario de McCarthy n'est pas là, même si les personnages sont finement définis et posés sur l'échiquier. On retrouve les marottes de l'écrivain, ce qui a été et qui n'est plus, la disparition de ce qui est cher, l'humanité et le changement. Les choix qui sont faits entraînent des conséquences.