Pat Martino, interview

Photo Pat Martino, Michael Stewart


On peut bien faire déborder le mois de Février qui était consacré à la guitare jazz sur le mois de Mars. Voici l'interview de Pat Martino traduite de l'anglais (américain) par Maryan Harrington (que mille guitares lui ravissent les oreilles de bonheur).

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore le monsieur, sachez que Pat Martino enregistre ses premiers solos sous la patronyme d'Azzara en 1964 au sein de divers groupes de Rythm and Blues, qu'il travaille aussi avec de nombreux jazzmen avant de sortir son premier album en 1967 chez Prestige. Le son rond et sensuel de Pat est rapidement reconnaissable ; son album Think Tank n'a de cesse de m'accompagner depuis 2003 et deux de ses morceaux figurent d'or et déjà dans la liste des 100 Jazz.

Peux-tu nous raconter ta première rencontre avec la guitare ? 
Étant né de l'amour de mes parents, je n'ai jamais considéré cet instrument comme étant séparé de notre expérience familiale. C'était présent tout au long de leur vie, donc d'une certaine façon ça a aussi été une extension naturelle de mon existence. Bien qu'amateur mon père adorait cet instrument et il a toujours fait part de son intime à travers elle. Ma relation à la guitare est plus proche de l'aboutissement des racines intérieurs que du business de la musique lui même. 

Peux-tu nous raconter un moment musicale qui t'a marqué, un moment fort ? 
Pour moi les souvenirs ne sont pas pas nécessaires, en fait ils me semblent s'apparenter plus à un poids, un bagage. Quand on considère l'extase qui émerge vraiment d'un acte créateur, une fois complet, (pour les artistes dans n'importe quel domaine) il commence à perdre de son éclat, et, ainsi il se transforme en une distraction qui fonctionnellement n'est rien de plus qu'une simple distraction. S'il y a une mémoire globale, c'est l'extase elle-même, et non pas momentanément l'un de ses nombreux déclencheurs. 

Que lis-tu en ce moment ? 
 Je lis divers auteurs, ainsi qu'un nombre distinct d'œuvres intemporelles, et ce, par diverses chemins aléatoires mais de manière cohérente. Des auteurs comme : Annie Besant, Don Miguel Ruiz, Thich Nhat Hanh, Eckhart Tolle, Jed McKenna, Max Heindel, Eknath Easwaran, etc. Quand une pensée puissante est transmise je fais une pause, et lui permet de prendre vie. Parfois j'évite une continuité (de l'idée) dans n'importe quel format définit, mais la reformule à travers de nombreuses autres portes ouvertes sur des individualités, des personnalités différentes, qui se superposent en de nombreuses formes d'exemples à suivre. Ainsi vous pouvez constater comme il est difficile pour moi de donner une réponse unique à votre question.

Qu'écoutes-tu en ce moment comme musique ? 
En ce moment même je suis concentré, en particulier, sur notre interaction et je trouve cela assez intrusif de l'entourer avec autre chose que mon entière attention. Mais récemment dans un contexte général, j'ai aimé les divers enregistrement d'Anouar Brahem chez ECM. 

Quel est ta dernière surprise ? La dernière fois que tu as été surpris par quelque chose ? 
Je suis constamment surpris, a chaque instant. En fait, j'ai été surpris quand j'ai reçu votre demande. J'ai été surpris une fois de plus alors que je me tenais devant la fenêtre de notre cuisine, versant de l'eau, quand soudain deux pigeons admirables, (un noir, avec une fine rayure blanche, et un tout blanc) se sont posé sur notre fenêtre. Ils nous rendent souvent visite, ... en fait, en tant que voisins spéciaux nous les avons nommé "Monsieur & Madame Tuxedo".


L'interview de Pat Martino en Version Originale


Can you tell us about your first meeting with guitar ?
Being born as the love of my parents, I never considered that instrument to be separate from our experience. It was present throughout their lives, so in some ways it's always been a natural extension of my existence as well. Although an amateur, my father adored that instrument, and he consistently communicated his inmost enjoyment through it. My relationship with it is much closer to the culmination of these inner roots than to the music business itself. In some ways, my first meeting with the guitar was transcendental from childhood on to this very day.


Can you tell us your memory of a strong musical moment?
To me, memories feel unnecessary, in fact they seem similar to baggage. When we consider the ecstasy that truly emerges through the creative act, once complete, (for artists in any field) it begins to loose its lustre, and thereby transform into the very distraction that functionally becomes nothing more than entertainment. If there's a memory at all, it's the ecstasy itself, not momentarily one of its many triggers.

What are you reading now?
I'm reading various writers, as well as a separate number of timeless works, and doing so by random visits consistently .
Authors like:
Annie Besant, Don Miguel Ruiz, Thich Nhat Hanh, Eckhart Tolle, Jed McKenna, Max Heindel, Eknath Easwaran, etc.
When a powerful thought is conveyed I pause, and allow it to project life. At times I avoid a continuance in any one specific format, but visit through many other doorways, unlocked by different individuals, eventually superimposing multiple forms of guidance.
So you can see how it's difficult for me to offer a single answer toward your question.

What music are you listening to at the moment?
At this moment I'm more focused upon this particular interaction with you as a priority, and find it intrusive to surround it with anything other than my full attention. But recently in a general context I've been enjoying various recordings of Anouar Brahem, on ECM.

What is your last surprise, the last time you were surprised by something?
I'm constantly surprised, from moment to moment. In fact I was surprised when I received your request. I was surprised once again as I stood before our kitchen window, pouring some water, when suddenly two beautifully gentle pigeons, (one black, with a thin white stripe, and one full in white) landed on our windowsill. They often visit us, ..... in fact, as special neighbours we've named them "Mr. & Mrs. Tuxedo".