Fred Frith, disque pour cinéma intérieur


Durant tous les voyages on s'oriente d'après les étoiles, comme elles surgissent au-dessus de nous et disparaissent dans une ligne.

Dans les années 90 j'avais pris l'habitude de me relaxer à l'aide d'une cassette de sophrologie, un enregistrement avec un synthétiseur new age et une voix qui donnait la direction à suivre. On a même testé ça en groupe avec les copains, au milieu des éclats de rires. J'ai ensuite considéré la sophrologie avec une certaine méfiance - comme ces bouquins sur le zen et le tao que j'ai lu à une époque - mais cela ne m'a pas empêché d'en retirer quelque chose.

Et puis je crie "Whoa ! Yohohohoho !" chaque fois qu'ils viennent et qu'ils me poursuivent dans mon rêve, je crie "Whohohohoho".

Il y a des disques qu'il est bon d'écouter pour partir en voyage ; un voyage qui n'appartiendra qu'à toi. J'appelle ça des disques pour cinéma intérieur. Middle of the moment de Fred Frith est l'un d'eux. Il oscille entre musique et reportage. Ici le violon croise quelqu'un qui se fait engueuler ; le jour qui se lève s'accompagne de chants... il ne te reste plus qu'à rentrer dans ta tête et faire des connections avec ce message immédiat qu'est la musique.

Middle of the moment est vraiment la BO d'un film (trouvable chez Winter & Winter) ; l'enregistrement du disque est un voyage de Tanger à Stuttgart en passant par Coppenhague, Bordeaux, Anoun Araren et bien d'autres lieux où tu croises des camions et des trains, du vent, des mouches, des chameaux, les femme de la tribut Touareg Kel Iforas, le Gnawa Express, le Cirque O, Fabrizio Appelius et quelques autres...

Maintenant tu fais ce que tu veux, il te faudra juste fouiller un peu pour trouver le ticket.



Fred Frith, Middle of the Moment, Fred Records, 2004