Tempest, Bob Dylan


Tempest continue la route empruntée depuis Love & Thieft. Dylan et ses musiciens jouent un western / Blues / Country / Jazz des années... heu ?... hé bien c'est du western, country, jazz, blues des années 2000.

Il vous suffira d'écouter trois ou quatre fois Duquesne Whistle pour vous retrouver à la siffler en préparant des lasagnes où en lassant vos chaussures. Très vite Tempest devient un compagnon de route et chaque chanson pourra coller à un moment de la journée ou aménera son flot d'images et de pensées.

Il faut prendre son dictionnaire d'anglais
Pour rentrer dans l'univers de Bob Dylan il faut traduire les paroles. C'est d'ailleurs comme ça que je me suis mis à l'anglais. Bon, il me reste à bosser mon accent.
Dans Duquesne Whistle le narrateur entend le sifflet de Duquesne. Comme souvent la chanson avance avec une succession d'images assez fortes qui peuvent être interprétées de différentes manières ; il s'agit peut-être d'une allégorie du retour sur le passé, sur la ville/le village de l'enfance ou divers situations qui ont fait qu'on en arrive là. Le clip qui accompagne la chanson ressemble un peu à une publicité au premier abord, mais des pistes de lectures s'offrent à la revoyure. Il faut s'attarder sur les chansons de Dylan, ici tout n'est pas immédiat.



Dans Soon After Midnight il règne une ambiance de bordel et de luxure et Dylan joue avec la sonorité des mots. Une ambiance mystique plane sur Narrow Way (chemin étroit) ou le narrateur s'en va dans le désert dès le premier couplet. C'est un longue route et il est question d'amitié, de trahisons, de partages, de lutte et de chaire. Long And Wasted Years renforce l'impression de chansons qui se retourne vers le chemin parcouru avec des clins d'oeil au rock'n'roll et au blues ; la chanson recele un couplet particuliérement violent : My enemy crashed into the dust / Stopped dead in his tracks and he lost his lust / He was run down hard and he broke apart / He died in shame he had a iron heart. Cette violence plane dans presque toute les chansons de l'album et elle  atteint un sommet dans Pay In Blood une chanson terrible à la fois hargneuse et nonchalante.  Scarlett Town pourrait peut-être bien rejoindre la trilogie dont nous parlions dernièrement, elle possède la magie des trois autres morceaux et bien que la thématique ne soit pas la même, les décors se rejoignent. Dans Early Romans King Dyan fait peut-être une comparaison entre les premiers rois romains et les groupes (bandes, communauté, mafia, familles...) qui s'organisent à l'heure actuelle pour survivre ; peut-être aussi cause-t-il du chef de bande. Tin Angel est le Petit Polar de l'album et Tempest est une chanson fleuve sur le Titanic avec Leonardo di Caprio. Dans Roll On John, Dylan fait le texte Jockey en piochant dans les chanson des Beatles (Public Enemy avait fait de même en piochant dans Bob Dylan).


Plus de voix Bob Dylan ?
Depuis Together Through Life, la voix de Dylan me fait penser à ce que Tom Waits essaye parfois d'obtenir. Ce grain râpeux et roque n'est-ce pas aussi ce qui manque parfois à Nick Cave ?
Des éléments de réponses se trouvent dans Pay In Blood et Scarlett Town.
Dylan a toujours eu une voix d'ailleurs, pas facile, mais une voix ; qu'il parle avec le nez où qu'il fasse le crooner. Une voix grave revenue de loin, une voix qui en dit, qui en a dit et qui en a vu passer... C'est sûrement en partie ce qui fait qu'il ne soit pas si facilement accessible.
Il faut accepter la voix de Dylan et personne n'est obligé de rentrer dedans. Sur The Tempest elle est brisée. Elle n'a plus cette amplitude de Desire ou de The Times They are a changing, pas le même côté crooner que dans Nashville Skyline. Mais elle est là.

50 ans de musique et soudain une peur ou plutôt une certitude, un jour Bob Dylan arrêtera de chanter et ça fera un peu comme un vieux copain qui s'en ira.