Rococo Tokyoïte de Clément Bulle


Gilles Bran dit Râal, universitaire européen exilé dans un Japon qui ne le fascine plus, vire gourou avec deux de ses étudiants pour faire revenir les pulsations. Face à lui un colonel chargé de la sécurité des ressortissants français, et un groupe de nationalistes nostalgiques de l’empereur Mishima. Menés par Kobayashi, ils enlèvent des femmes américaines.

Les grandes lignes m’ont parfois évoqué le Nada de Manchette. Rococo Tokyoïte dégage en plus un air de délire, celui des personnages qui ruent dans les brancards, et celui de l’écriture de Clément Bulle, en total travail de style. Ce côté expérimental m’a perturbée, les mots effaçant l’histoire, leur chair remplaçant celle des personnages. Sans doute une deuxième lecture gommerait ce problème. Il faut s’habituer au rythme et à la langue, à une trame pas toujours claire pour pouvoir apprécier ce qui se passe derrière le foisonnement de références, et le travail sur la langue qui n’est pas sans évoquer l’époque des argotiers mêlée à une ambiance barbouze. Une certitude, Clément Bulle a son univers et des choses à dire, ce qui fait plus qu’un bon début.

L'éditeur À plus d'un titre continue avec cette collection À charge un beau travail déjà apprécié ici avec Les ruines de la future maison. À suivre...

Clément Bulle, Rococo Tokyoïte, Editions À plus d'un titre, 2010, 12 euros, 104 p.