Eboueur sur échafaud, Abdel Hafed Benotman


Eboueur sur échafaud commence dans un grand éclat de rire, grâce à la façon dont le jeune Fafa raconte sa circoncision, cet instant qui marque sans doute la première rupture, les premiers doutes, la première fracture avec les adultes, la religion, la société, la norme. Et tout au long du roman le fossé ne fera que se creuser pour ce garçon qui connaîtra plus d’incompréhension que d’amour. Le lecteur n’est pas plus ménagé que Fafa, secoué par l’écriture de Benotman qui le fera passer de l’effarement à l’indignation en passant par la tendresse, moment plus rare dans la vie de Fafa. Il y a eu ce vieil homme croisé parfois dans son immeuble, rare occasion de briser l’édifice familial étouffant, en dehors des potes du quartier et de l’école. La bêtise et l’ignorance, le racisme, la famille passent au hachoir sous les mots et les phrases de Benotman. Le style ne ménage personne, l’auteur utilise librement la langue, destructure un poil les phrases, trouve l’image qui fait mouche et donne un ton rarement croisé dans le polar français actuel. Ce qui en fait à coup sûr un auteur à lire. En allant voir aussi du côté du recueil de nouvelles Marche de nuit sans lune.

Abdel Hafed Benotman, Eboueur sur échafaud, Rivages Noir, réédition 2009, 8,50 euros, 248 p.