Les Racailles de Vladimir Kozlov


Ils écoutent Modern Talking, souvent ; ils se soucient de savoir avec qui ils vont baiser et de racketter quelques kopecks pour s’acheter à picoler. Dans leur monde, ceux qui écoutent du rock sont des bourgeois, du métal des non-conformistes. L’école n’a pas d’attrait, leurs parents se tuent au travail ou sont alcooliques, et les quartiers portent des noms qu’il faut défendre. Travailleur contre Lénine. La baston fait partie de l’apprentissage.

Andreï Gontsov nous raconte son histoire d’ « il y a quinze ans », qui commence par la mort de son frère Igor (et s'achève par un changement de narrateur, Kozlov s’approprie la fin ; cette histoire a toujours été la sienne ?)

Entre restes du communisme et Perestroïka, y’a seulement une bande de jeunes - pas les plus fins de la classe - qui ne se voit pas d’avenir à part le service militaire. Andreï avait les capacités pour faire quelque chose, mais les potes, les choix, le mèneront dans un cul de sac comme beaucoup en connaissent. Ce monde sans perspective que de bouffer Maggi et s’intéresser au bruit des chiottes provoque une sensation d’étouffement – en tout cas c’est l’effet que ça m’a fait d’être spectatrice de la crétinerie d’une bande d’écervelés. Kozlov capte l’adolescence, celle des mal-barrés, comme il en existe là-bas, ici ou ailleurs, il y a 30 ans ou aujourd’hui. Certaines choses ne changent pas.

Vladimir Kozlov, Racailles, Moisson Rouge, 2010, 18 euros, 271 p.