Pierre Pelot, pour tenir le coup


Pierre Pelot, aussi connu sous le nom de Pierre Grosdemange ou Pierre Suragne ou encore Pierre Carbonari, est né le 13 novembre 1945 à Saint-Maurice-sur-Moselle dans les Vosges, région à laquelle il fait souvent référence dans ses œuvres. Entre bandes dessinées dont il envoie les planches à Hergé, western (il créé notamment le personnage de Dylan Stark), science fiction, romans noirs, romans historiques, fantastiques, gores, romans policiers préhistoriques (les enquêtes d'Ahorn), romans tout court… Pierre Pelot a dû raconter plus de deux cents histoires avec un style bien à lui, et ce n'est pas fini.

La forêt muette, l'être humain, la pulsion et la folie sont dans une forêt

À chaque roman — dont on devrait causer un peu plus ici prochainement — Pierre Pelot pose une ambiance. À la lecture de La Forêt Muette on se dit que Comès ou Tardi pourraient mettre toute cette sueur et cette trouille en images. Il faudrait bien des dessinateurs de cette trempe pour rendre tous les fils fangeux qui rampent dans « Le Cul de la Mort, un endroit qui ne figure pas nominativement sur les cartes d’état-major ou autres ; même le très sérieux Institut géographique national a choisi, semble-t-il de l’oublier. Les relevés topographiques de niveaux l’ignorent pareillement. Ce n’est pas un but de promenade. Les chasseurs l’évitent, les pique-niqueurs et cueilleurs de champignons ne s’y retrouvent que par mégarde, après avoir perdu leur chemin, et ils retournent bien vite sur leur pas, découragés par le relief chaotique du lieu. »

C’est dans ces lieux que l’on va s’installer au creux du mystère et de la promiscuité de deux bûcherons. Pierre Pelot endosse l’habit de conteur, un conteur macabre qui branche l’ambiance de La Forêt Muette sur cette catégorie bien spéciale de films de série B des années soixante-dix qui ont quelque chose à voir avec La Colline a des Yeux de Wes Craven ; un genre d’ambiance oppressante, palpable, poisseuse et malsaine qui, sous l’horreur, explore la folie des Hommes. Faut dire que parmi ces deux bûcherons il y en a un qui a connu le maquis, puis l’Indochine… de quoi chambouler la cervelle. Alors quand une fille de magazine « jeune, blonde, vêtue d’une robe légère de tissu bleu pâle qui s’arrêtait à mi-cuisse sur ses jambes nues » se pointe dans cette forêt étrangement muette les fils se tendent à craquer. Un livre terrible sur le comportement humain, les pulsions et la folie.


Pierre Pelot et les 3 questions du Dj Duclock
(cette petite interview a été précédement publiée sur le site Pol'Art Noir)

Dj Duclock : Que lis-tu en ce moment ?

Pierre Pelot : Saules Aveugles, Femme Endormie, de Haruki Murakami. Un Japonais. Chez Belfond. Des nouvelles. Étonnant.

Dj Duclock : Qu'écoutes-tu comme musique ces derniers temps, l'album qui tourne sur la platine ?

Pierre Pelot : Rien. En ce moment rien. Il y a eu Amy Winehouse et Scarlett Johansson, dernièrement, et puis ça s'est calmé. Là, plus rien.

Dj Duclock : Qu'est-ce qui t'a surpris dernièrement... Quand as-tu été surpris pour la dernière fois ?

Pierre Pelot : Cet extraordinaire succès public que font les romans les plus cons et les plus mal écrits (sinon mal en tous cas non écrits). Exemple Guillaume Musso… qui réussit quand même, apparemment, à faire plus tarte que Marc Levy et Bernard Werber réunis. C'est pas que ça me surprenne vraiment mais quand même... il faut mettre en cause qui, ou quoi ? Le roman ? Son auteur ? Ses lecteurs ? je préfère quand même, finalement, être surpris que donner une désespérante explication...