La Confession d'une jeune fille de Marcel Proust

Les hasards heureux de l'escarpolette, Jean-Honoré Fragonard

Enfin la délivrance approche. Certainement j'ai été maladroite, j'ai mal tiré, j'ai failli me manquer. Certainement il aurait mieux valu mourir du premier coup, mais enfin on n'a pas pu extraire la balle et les accidents au coeur ont commencé.

J'avais déjà essayé de rentrer dans Marcel Proust un matin, malade, et avec la fièvre et le demi sommeil j'avais fait de drôles de rêves. Tout en continuant à me soigner aux Efferalgans 500mg, j'avais oublié Proust. Et puis... Proust m'a rattrapé quelques années plus tard avec une de ses nouvelles. C'était hier, j'ai relu trois fois La Confession d'une jeune fille tirée du recueil Les plaisirs et les jours paru en 1896. C'est à la fois drôle, touchant, érotique et grave. Un peu désuet aussi, les sentiments doivent avoir une grande part de construction et la société, les moeurs ont changé, l'âge aussi n'est pas le même.

Ce matin il planait quelque chose d'étrange dans l'air, comme un lendemain de cuite quand on est à la fois sale et ange comme dirait Marc Kerjean, un poète Brestois et, dans le froid soleil d'Octobre, j'ai relu quelques passages de la nouvelle surtout la quatrième partie celle qui commence par : L'hiver de ma vingtième année... et j'ai écouté plusieurs fois le Red Light de Carl Craig que l'on trouve sur l'album More songs about food and revolutionary art (SSR, 1997). Il y a une analogie entre la nouvelle et le morceau... quelque part entre la pulsation et le clavecin électronique et puis il y a cet étrange bourdon électro qui s'obstine comme s'il voulait respirer encore un peu alors que la chanson est finie.

Carl Craig, Red Light