Ana Clavel, Hans Bellmer et le désir

Hans Bellmer et sa première poupée en 1933


"Le viol commence par le regard. Quiconque se penche sur le puits de ses désirs le sait. Ou contemple ces photographies de poupées torturées, ligotées, chair en floraison emprisonnée et disposée pour le regard de l'homme qui guette dans l'ombre."
Julian Mercader dans Les Violettes sont les fleurs du désir


J'ai découvert le nom d'Hans Bellmer en lisant ce singulier roman d'Ana Clavel, auteur et plasticienne mexicaine.

Enfant, Julian Mercader traîne dans l'usine de son père, une fabrique de poupées pour sages petites filles. Dans un bureau, il trouve des photos d'étranges poupées, celles d'Hans Bellmer. Ainsi s'ouvre le chemin du désir pour Julian, marqué également à l'école par l'explication d'un professeur sur le supplice de Tantale. Puis à 6 ans il joue avec Naty parmi les poupées, Naty première fille nue qu'il voit, à qui il crie : Tu es cassée... Devenu père, Julian se trouble à la vision du corps de sa fille Violeta. Désir, perversion, interdit... Quand Julian l'adulte reprend la fabrique paternelle, il transforme les poupées innocentes en un objet sophistiqué destiné à une clientèle adulte. Une histoire qui bascule dans l'étrange avec une mystérieuse confrérie, la folie d'un écrivain lui aussi créateur de poupées au nom fleuri venu d'une femme, Hortense...

"Le corps est comparable à une phrase qui vous inciterait à la désarticuler pour que se recomposent, à travers une série d'anagrammes sans fin, ses contenus véritables." Hans Bellmer



Ana Clavel, Les Violettes sont les fleurs du désir, Métailié, 2009, 14 euros, 108 p.
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