Cold War Kids, Loyalty to Loyalty, Coop / V2, 2008


Les Cold War Kids distillent un mélange entre les White Stripes et Radiohead, deux piliers du rock actuel aux antipodes. Les références sont assurément rock, mais quelque chose dans le son et la façon d'agencer les morceaux démarque les Cold War Kids... un soupçon de soul sûrement. Ils ont une façon de groover froidement comme une scène de bar à la Jim Jarmush et de trouver des riffs pas tape à l'oeil et il faut plusieurs écoutes pour se rendre compte de l'ampleur du paysage. Une touche d'électro se pointe, discrète, pour accompagner la rythmique sur Welcome to Occupation. L'utilisation du piano tourné vers le classique (cabaret, Europe années 20 sur On The Night My Love Broke Through), apporte une ambiance bancale et ouvre des horizons lointains. Un coup d'oreille à Avalanche In B avec piano, guitare façon western et voix saturée décroche les étoiles. I've Seen Enough (tubesque de chez tubesque) remet direct les pieds sur terre sur le vaste réseau de chemins et de sentes tracés dans l'histoire du rock ; une déjà vieille cartographie sur laquelle on va pouvoir déambuler pour ouvrir de nouvelles voix et avec Dreams Old Men Wear, on a les étoiles dans le coffre. On croisera même une étrange station pop tubesque Relief qui brille comme un fantôme new wave de The Cure après qu'ils aient découvert Joy Division... puis Cryptomnesia se charge de nous endormir, mais laisse tout de même assez de force pour relancer l'album.

Et puis ce qui ne gâche rien à l'affaire, les textes des Enfants de la Guerre Froide parlent : Against Privacy, par exemple, rapelle Lithium de Kurt Cobain. Ces deux tounes causent d'une manière simple d'appréhender le monde pour que l'on souffre moins. Le chant de Nathan Willet n'est pas sans rappeler celui de Jack White, mais en plus écorché, moins professionnel, plus mystérieux et... moins policé peut-être. Les cassures de rythme ou l'arrivée soudaine d'un élément que l'on n'attendait pas rendent attractif chacun des 13 morceaux de Loyalty To Loyalty. On pense aussi aux Walkmen ces autres hérauts d'un rock aigu et indispensable.

Cold War Kids, Against Privacy