Henry Cording et les trois questions du Dj Duclock

Formé aux plus mauvaises écoles radiophoniques, expulsé de plusieurs radios, Henri Cording propose à CISM à Montréal "Les Mixtapes de ses Amis" / Kicked out of every single radio who gave him a chance Henri Cording produce at CISM in Montréal the radio show "My Friend's Mixtapes"
Henry Cording présente ainsi les mixtapes de mes amis

Sur les mixtapes de mes amis, vous pouvez retrouver chaque semaine une mixtape d'un des invités d'Henry Cording. C'est ainsi qu'on peut écouter à ce jour plus de 60 Mixtapes délirantes qui regroupent un éventail de playlists hallucinant et des découvertes par paquets de dix. Autant vous prévenir tout de suite que votre culture musicale va grimper au plafond d'inaccessibles châteaux. Et c'est fébrile, après l'écoute de telle ou telle mixtape que l'on parcourt Internet, les disquaires d'occasion, la médiathèque, la discothèques des copains et les vides greniers à la recherche de perles entendues. Il n'en fallait pas plus pour que je pose à monsieur Henry Cording mes trois questions fétiches en espérant un jour le rencontrer de visu à Montréal ou à Nantes pour une plus longue entrevue.

NB : On retrouve de très jolies pochettes de vinyls sur le myspace d'Henry Cording. Mais faisons place aux trois questions du dj duclock, Henry Cording a des choses à nous dire.


Dj Duclock : Que lis tu en ce moment ?

Henry Cording : Je relis un roman de Charles Willeford (l'un de mes auteurs de roman policier préféré) qui s'intitule "Miami Blues" et qui est le début d'une quadrilogie qui met en scène l'enquêteur Hoke Moseley. Bizarrement, j'ai mis longtemps avant de lire des romans policiers toujours associés dans mon esprit à un sous genre littéraire. Et des auteurs tels que Charles Willeford m'ont vraiment fait prendre conscience qu'il n'y a pas de sous genre littéraire, il n'y a que des bons ou de moins bons auteurs. Miami Blues commence avec une scène qui relève, à mon avis, tout simplement du génie. Un psychopathe tout juste sorti de prison sort de l'aéroport et se fait interpeller par un Hare Krishna auquel celui-ci, sans aucun ménagement retourne le doigt, le cassant net et provoquant quelques temps après sa mort par choc post traumatique. Le reste du livre est dans la même veine, on suit ce psychopathe dans ses pérégrinations dans Miami. Ce qui est fascinant chez Charles Willeford, c'est à la fois cette nonchalance dans le récit (très cool, très posé tout en étant extrêmement précis et détaillé) et la tension constante qu'il y a et qui est entrecoupé d'explosion d'une violence assez rare même dans la littérature policière. Bref, Charles Willeford me manque et n'a malheureusement pas écrit tant de livres que ça.

Dj Duclock : Qu'écoutes tu comme musique ces derniers temps, l'album qui tourne sur la platine ?

Henry Cording : En ce moment, c'est un album de Betty Lavette intitulé "Do your Duty" qui date de 1969 et qui a été réédité recemment sur le label Sundazed. Betty Lavette c'est encore quelqu'un de Detroit, une chanteuse de soul dont j'appris la voix et la musique des années 60. Après 1970 et 1980 c'est vraiment autre chose. Et ses disques de cette époque sont assez difficiles à trouver. Donc, j'étais content de trouver celui-ci. Ce n'est pas un disque incroyable, juste un bon disque de soul comme il s'en est fait pas mal dans ces années là mais c'est ce qui tourne ces derniers jours sur ma platine. Celui-ci et ce qui est pour moi le plus bel album de Nina Simone (en tout cas mon préféré) "Silk and Soul", la pochette déja est magnifique. Un portrait de Nina sur un aplat rouge. Et ce disque est juste incroyable. D'habitude, Nina Simone est toujours dans un registre assez jazz alors que cet album est un pur joyau de soul du début à la fin. D'ailleurs, je dois en diffuser un titre dans une mixtape prochaine. Très certainement le titre "Cherish".

Dj Duclock : Qu'est-ce qui t'as surpris dernièrement... Quand as tu été surpris pour la dernière fois ?

Henry Cording : Il y a quelques jours, je suis tombé sur une entrevue radiophonique de Moby. J'ai appris qu'il n'y a pas si longtemps, il possédait un salon de thé à New York, qu'il a laissé à sa copine quand ils ont rompu. Ça c'est pour le côté potin. Mais ce qui m'a vraiment surpris (peut-être parce que je ne suis pas un grand fan de ce qu'il fait et que je ne connais pas suffisamment sa musique) c'est qu'en plus d'être un type d'une modestie et d'une humilité assez hallucinante (si on tient compte du succès interplanétaire qu'il a obtenu avec son album play), c'est un multi instrumentiste talentueux et accompli. Je l'ai entendu se mettre au piano et improviser en direct et c'était assez incroyable. Un véritable mini concerto pour piano. J'avais plutôt dans l'esprit un gars qui bidouille des samples dans son studio sans connaître vraiment d'instruments... Une bonne raison de dire que l'on doit vraiment essayer de se débarrasser de tous les préjugés que l'on a sur les gens sans les connaître avant de dire quoi que ce soit.


On peut écouter (l'écoute est possible en direct sur internet) l'émission d'Henry Cording sur CISM 89,03 FM tous les dimanches de 21 h à 22 heures.