Hervé Le Corre et les trois questions du dj duclock

J'ai eu la chance de croiser Hervé Le Corre pendant la deuxième édition du salon Du Sang Sur La Page organisé à Saint Symphorien pas très loin de Bordeaux. L'Ours Polar et le comité de pilotage de la mairie de Saint Symphorien y proposaient des rencontres avec des auteurs de polars et de bandes dessinées polardeuses, des surprises musicales, des expositions dont une de tableaux tirés des chroniques du dj duclock "La musique adoucit les moeurs", qui paraissent depuis maintenant plus de deux ans dans chaque numéro de L'Ours. C'était au soleil du Sud Ouest, à l'ombre des arbres d'une place accueuillante comme le Sud Ouest sait si bien les faire.

Dj Duclock : Hervé, je t'appelle Hervé, hein...

Hervé Le Corre : Je m'appelle Hervé.

Dj Duclock : Hervé, qu'est-ce que tu lis en ce moment ?

Hervé Le Corre : Ce que je lis en ce moment... Je lis plusieurs choses : un roman noir de James Lee Burke qui s'appelle Bitteroots, une intrigue à la James Lee Burke, très compliquée, très complexe et très belle aussi. C'est un mec qui sait très très bien décrire les paysages et les états d'âmes de ses personnages et j'ai une infinie admiration pour ce mec là. Je lis aussi Le Complot contre l'Amérique de Philip Roth qui imagine que juste avant la deuxième guerre mondiale les Etats Unis élisent Lindberg comme président plutôt que Roosevelt. Ils élisent Lindberg dont les sympathies nazies étaient connues et c'est complètement terrifiant parce que c'est l'installation aux Etats Unis d'idées d'extrême droite, antisémites, qui peu à peu se propagent dans la population, et les échos avec la situation actuelle des Etats Unis sont troublants.

Dj Duclock : Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ?

Hervé Le Corre : J'écoute très peu de musique. J'en ai écouté beaucoup, mais là, j'ai perdu l'oreille. J'achète plus vraiment de disques. Enfin si, le dernier disque que j'ai acheté c'est un disque de Gianmaria Testa. J'ai vu son spectacle avec Erri De Luca, l'écrivain. J'ai trouvé ces deux mecs extra-ordinaires. Ils font une heure et demie de spectacle improvisé, magnifique. La voix de Testa, le texte, c'est pas quelqu'un qui chante pour rien. Voilà ce que j'écoute. Le rock, tout ça, j'ai débranché. J'en ai écouté énormément. J'ai toujours mes 33 tours là, comme un vieux con. Et puis je manque de temps, il faut du temps, faut écouter et moi j'arrive pas à faire deux choses à la fois.

Dj Duclock : Quand tu écoutes, tu écoutes, tu fais pas la vaisselle en même temps...

Hervé Le Corre : A la rigueur la vaisselle, oui. Mais comme je passe beaucoup de temps à écrire, le temps que j'ai de libre, je le passe beaucoup à écrire. J'ai un peu de mal. Tiens, c'est vrai que la musique est sortie de mon champ, ouais... C'est bizarre ça. Peut-être que ça reviendra quand je serais encore plus vieux.

Dj Duclock : Quand tu seras à le retraite, si un jour on te donne cette histoire de retraite.

Hervé Le Corre : Ouais, mais je crois que c'est pas demain la veille. J'ai le temps. Peut être qu'y aura même plus de musique à ce moment...

Dj Duclock : Une troisième question, quelle a été ta dernière surprise ? La dernière fois que tu as été surpris.

Hervé Le Corre : La dernière fois que j'ai été surpris... Je sais pas... gnagnagna gna gna... Surpris... vite... vite... pas de blanc. Ha ben tiens un truc de boulot. Moi je suis prof de français. J'ai été surpris l'autre jour par la copie d'une élève à qui j'ai mis 20/20. C'est une fille qui a un talent, 4ème, elle a treize ans, elle a un talent d'écriture extra-ordinaire. Et j'ai lu un texte qui faisait six pages qu'elle a fait en classe toute seule avec ses petits doigts. C'était un sujet qui n'était pas évident, elle a fait quelque chose de fort et de puissant. C'est pas la première fois que je donne de très très bonne notes, mais là j'ai été surpris. Ouais ! Et ce genre de surprise dans mon métier j'en ai assez souvent. C'est des surprises qu'on attend, qu'on espère et quand elles arrivent on est vraiment content !

Le soir, après cette interview, Hervé Le Corre a donné avec une comédienne une somptueuse lecture de son texte La troisième personne sur une musique jouée par les musiciens de La Compagnie Lubat, de l'école de musique de Saint Symphorien.

On retrouve La troisième personne dans Nouvelles en forme de béret basque, un recueil de nouvelles noires d'Hervé Le Corre, Jean Christophe Pinpin & Jean Bernard Pouy avec des illustrations de Frédéric Liéval et les vieilles histoires de Stéphanie Deschamps aux éditions Antimoine.