Slint, Spiderland, Touch & Go, 1991

Spiderland tient sacrément la route, comme un bon vieux film de l'adolescence. Un Stand By Me en bien plus cradingue... un mélange des Mad Movies qu'on lisait ado, de la fabuleuse BD Blackhole de Charles Burns et de ce que j'imagine de La Dolce Vita de Fellini qu'il me reste encore à voir. Ces gaziers s'amusent comme des branques et créent un univers grungy au bord de l'abîme. Guitares grasses et aigues croisent le fer, on pense parfois, quand Slint explose, au son des affreux Unsane de chez City Slang. Une voix qui sussure, braille, chantonne de temps en temps au fil des montées en puissance des longues balades sonores qui composent l'album. Des plages où le côté instrumental est particulièrement soigné et dont les assauts répétitifs, hypnotiques, genre de mantras-punks-hallucinatoires basés sur quelques notes, ponctués de brusques explosions, font le plus grand bien à la caboche. Peut être ces gars là réalisent le rêve de Kurt Cobain : sortir du scéhma chorus / verse / chorus / verse de la chanson rock pour exprimer l'angoisse et la rage.

David Pajo, Brian MacMahan, Britt Walford, Ethan Bucker posèrent là une sacrée caillasse pour le rock à venir. Chacun d'eux se retrouvèrent ensuite dans diverses formations : Tortoise, The For Carnation, Evergreen, King Kong, The Breeders, Palace Brothers, Aerial M, Papa M... Le groupe Slint s'est reformé en 2005 pour le festival All Tomorow's Parties et quelques autres concerts. La photo qui illustre l'album Spiderland a été prise par Will Oldham aka Bonnie Prince Billy, on trouve d'autres photos de cette session sur les pages consacrées à Slint par le label Southern Record.