Bugge Wesseltoft, Moving, Jazzland, 2001

« Je voulais créer d’autres contextes, plus porté sur la danse, où les solos deviennent secondaires par rapport au rythme et la mélodie. »

Troisième album du New Conception of Jazz. Enregistré live en trois jours dans un studio au cœur d’Oslo. Le claviériste Wesseltoft avance dans le jazz avec un pack d’élecrto à ses côtés. Ses morceaux sont construits comme de longs voyages en voiture : il y a un début, un milieu et une fin avec quelques arrêts dans des stations services parfois chaudes, souvent froides et désertes, rendues crues par la lumière grelottante des néons. Une ambiance indéniable. Des trouvailles, « gimmicks » épurés au fender rhodes, au piano trafiqué ou pas, le saxophone ténor de Hakon Kornstad qui fait son apparition sur Yellow is the color. Des rythmiques surprenantes. Mais pourquoi ? Pourquoi s’encombre-t-il de ce « pied » house, ce poum-poum daté qui sonne maintenant comme un cœur ringard, une palpitation en toc qui vampirise l’oreille ?

Pour faire danser. Mais Bugge ce n’est pas la seule façon de faire danser, peut être à l’époque… mais un pied house ça se date vite et puis il n’y a pas que dans les clubs que l’on danse ! Les très fines et surprenantes frappes d’Anders Engen (drums) et de Paolo Vinaccia (percussions) auraient suffits. On se prend à rêver de refaire le mixage, puis on s’y fait à ce poum-poum un peu trop lounge… comme on se fait au moteur d’un vieux camion un peu tuning, clinquant, mais qui quand même nous emmène en voyage.